Qu'est-ce que le Hadj ? Shariati répond
Il y a 45 ans, le 20 juin 1977, la Savak (police du shah) affirmait qu'Ali Shariati, écrivain, sociologue, historien, chercheur religieux, combattant et militant religieux et politique, était décédé d'une maladie cardiaque en Angleterre, à l'âge de 44 ans.
Compte tenu de la coïncidence de l'anniversaire de la mort du Dr Ali Shariati et de l'envoi des pèlerins au Hadj, jetons un coup d'œil sur son livre « Le pèlerinage » classé comme un récit de voyage, mais qui est aussi l'expression des secrets du Hadj et une tentative de mieux comprendre les rites religieux.
Dans ce livre, Shariati décrit le Hadj comme l'une des trois dimensions doctrinales les plus progressistes de l'Islam, qui garantit la conscience, la liberté, la circulation et la dignité de ses adeptes, et surtout, crée un pouvoir et une responsabilité sociale.
« Le Hadj » dit-il, « représente le cours de l'existence humaine vers Dieu, la représentation symbolique de la philosophie de la création des êtres humains, l'incarnation objective de ce qui est présenté dans cette philosophie, et en un mot, le Hadj est comme la création. Le Hajj est une représentation symbolique de la création humaine et de l'école de l'Islam où Dieu est le maitre et où les personnages principaux sont Adam (as), Abraham (as), Hajar et Satan, avec les scènes du sanctuaire sacré de Masjid al-Haram, d’Arafat, de Mash'ar et de Mena, et la symbolique de la Ka'ba, des parcours entre Safa et Marwah, des jours, des nuits, des couchers et levers de soleil, du rejet des idoles, du sacrifice, du vêtement d’ihram et des cérémonies. Il poursuit en énumérant tout ce qui doit être préparé pour un pèlerinage acceptable, depuis le remboursement des dettes, la réconciliation avec les gens, la demande de pardon et la rédaction d’un testament qui est un exercice de préparation à la mort.
Dans cette discussion, il révèle non seulement les secrets spirituels du Hadj mais exprime également la philosophie sociale des rituels et leurs secrets. Il parle des prières à Miqat, et énumère les interdits de l'ihram, le parfum, la luxure et l’oppression, et l’obigation de respecter la vie de tout être vivant, même les insectes et les plantes. Les Tawaf (Parcours autour de la Kaaba) aux yeux de Shariati, sont le symbole de la rotation du peuple et de la stabilité de la Kaaba. Dans la vision du monde monothéiste, Dieu est le cœur du monde, l'axe de l'existence, le centre de l'univers. Shariati énumère les actes et les rituels du Hadj, un par un, le toucher de la pierre noire qui est le symbole de la main droite de Dieu à qui vous prêtez allégeance, les Tawafs, la station d’Abraham (as), Safa et Marwa, le parcours d’Hajar une femme africaine, fière et bonne, qui est la mère des grands prophètes de Dieu, la sortie de l'ihram, le départ de la Mecque et les stations au cœur du désert. Shariati décrit ensuite en détail, les actes du Hadj, et décrit de manière littéraire et exaltante, chacun d'eux et leurs secrets, la lutte d'Abraham (AS), vainqueur de la bataille la plus glorieuse de l'histoire, et l’ordre de tuer Ismaël. Shariati consacre une grande partie de son livre à décrire ce qui est arrivé au Prophète Abraham (as) et la manière dont il a adoré et servit Dieu en acceptant l'ordre d'abattre Ismaël, tragédie qui se termine par l’égorgement d'un mouton. Shariati parle de la Trinité (par opposition au monothéisme). L'interprétation de la sourate « An-Nas » est peut-être la fin la plus improbable que le public ait imaginée pour cette partie du livre où les derniers versets du Coran sont interprétés en même temps que les derniers actes du Hadj.
La partie finale du livre est le chapitre « Plus grand que le Hadj : le Martyre » où l’Imam Hussein (as) évoque le Hadj à moitié terminé de celui qui a acheté l'au-delà au prix de l'enfer et des souffrances dans ce monde.
La lecture de ce livre précieux peut non seulement être utile pour les pèlerins du Hadj et les aider à comprendre les secrets du Hadj, mais aussi pour le grand public, et donne un regard approfondi sur les rites religieux dans la langue d'un sociologue.
